Lait d’origine animale : bon pour la santé ou pas ?

Introduction : lait et politique

Toute notre enfance, nous avons été bercés par les publicités en faveur du lait et de ses bénéfices sur la santé, son omniprésence dans les repas pour enfants, et peut-être même avons-nous été enguirlandés par la médecine scolaire car on ne voulait pas boire de lait (en tout cas, cela m’est arrivé, et ça m’a marqué !), à grand renfort de phrases toutes faites comme « si tu n’en bois pas, tu resteras petite ! », « tu es trop maigre, tu dois boire du lait ! », « tes os en ont besoin ! ».

Mais comment cela a-t-il commencé ? Qui a, un jour, décrété que nous devions tous boire du lait animal ? Sur quelles bases scientifiques ? C’est ce sur quoi nous allons nous pencher aujourd’hui.

    Le parcours de la propagande lactée a commencé il y a bien longtemps, mais c’est surtout le 18 juin 1954 qui marque l’entrée du lait comme incontournable nutritionnel. A cette date, Pierre Mendès-France est nommé Président du Conseil. Il nomme Roget Houdet comme Ministre de l’Agriculture et Jean Raffarin comme Secrétaire d’Etat à l’agriculture. Ce dernier a été directeur de la coopérative des agriculteurs de la Vienne à partir de 1944 et député en 1951, grâce au soutien des syndicats agricoles.

C’est ainsi que le lobby de l’agriculture est entré au gouvernement.

Des raccourcis monstrueux sont alors faits : comme aux Etats-Unis Pierre Mendès-France voit de jeunes hommes de bonne constitution commander en majorité des boissons lactées de préférence à de l’alcool, dont la consommation explose à ce moment-là en France, le nouveau Président du Conseil en conclu qu’il faut remplacer l’alcool par du lait. De plus, des scientifiques estiment que, comme les Etats-Unis sont un pays riche, et qu’ils boivent plus de lait que les Français, c’est qu’il doit y avoir une corrélation entre ces deux faits, et donc que les Français devraient imiter les Américains sur ce point. Impossible, me direz-vous, que des sophismes de ce genre proviennent de la bouche de scientifiques. Et pourtant… C’est bel et bien Marcel Autret, pharmacien et chimiste de formation qui a travaillé à l’Institut Pasteur, qui a prononcé ces paroles. Il est intéressant de noter qu’il est entré à la FAO (Food and Agriculture Organization) en 1949…

Dans la même perspective, c’est également à ce moment-là que du lait et du sucre étaient distribués en grande quantité à tous les écoliers… Pourquoi ? Je vous laisse avec une phrase de Pierre-Mendès France à ce sujet : « [Ces distributions] aideront à écouler une partie de notre production laitière et sucrière ». C’était donc bien, en partie, une question économique et capitaliste. 

L’histoire de l’intégration du lait animal dans la propagande nationale est bien plus complexe et longue que cela, mais là n’est pas l’objectif de cet article. Cependant, si ce sujet vous intéresse, je vous renvoie à l’excellent livre Lait, mensonge et propagande, 2ième ed., par Thierry SOUCCAR (2008), qui est très précisément documenté. 

Dans cet article, je n’aborderai volontairement que le sujet de la santé. Bien que primordiales, les considérations écologiques et éthiques ne seront pas prises en compte car je préfère laisser cela aux spécialistes en la matière. Je me contenterai donc de vous introduire à la question par le prisme de la naturopathie.

 

Lait animal et apports en calcium

Selon le Pr. Marc Hegsted, le problème se situe dans l’excès consommé. En effet, la richesse en calcium fut la tête de proue de la propagande laitière : « buvez plus de lait, surtout dans l’enfance, sinon vous aurez de l’ostéoporose ! ».

Mais qu’en est-il vraiment ?

Si l’on consomme du calcium en trop grosse quantité, l’organisme perd sa capacité à en contrôler le métabolisme.
En temps normal, l’organisme utilise la forme active de la vitamine D (calcitriol) pour réguler les volumes absorbés et éliminés. Quand le taux de calcium apporté au corps est peu important, le calcitriol aide à le retenir et à éviter son élimination. Quand son taux est élevé, dans un premier temps, le corps en stocke en grande une petite partie et élimine le reste, mais avec le temps, l’excès de calcium peut définitivement perturber ce mécanisme, et empêcher la rétention et la fixation de calcium. Cela appuie l’adage selon lequel le mieux est l’ennemi du bien, ou encore que l’excès nuit en toute chose. 

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Une autre hypothèse voudrait que cette surstimulation de la régénération osseuse avec un excès d’apport en calcium épuiserait les ressources de l’organisme en matière, ce qui augmenterait l’incidence d’ostéoporose pour les personnes âgées ayant beaucoup consommé de lait durant leur vie.
Par ailleurs, l’excès de calcium peut entraîner sa fixation sur des lieux inadéquats (tendons, plaques d’athérome), sans compter que les laits sont dans leur grande majorité, pour l’organisme, acidifiants, et vont donc freiner l’assimilation du calcium en obligeant le corps à puiser dans les minéraux stockés pour rétablir l’homéostasie.

Le pouvoir acidifiant des laits animaux sera un des principaux problèmes, car tout ce qui acidifie excessivement l’organisme provoque une déperdition minérale et fait flamber les phénomènes inflammatoires.

Par ailleurs, le lait animal est un vecteur monstrueux de pesticides. Je cite à ce sujet le Professeur Pierre-Marie MARTIN (entretien tiré de l’ouvrage Eat, par Gilles LARTIGOT) : « Nous avons réalisé des travaux sur la filière lait, car nous rencontrons la même problématique chez les vaches. Nous sommes devant un silence des plus hypocrite. Allez dans la filière lait de l’INRA (l’Institut National de la Recherche Agronomique) et demandez-leur des informations au sujet du taux de pesticides dans le lait. (…) Il existe des analyses non diffusées qui ont été réalisées sur la présence de pesticides dans le lait. « 

 

Lait animal et santé

Pourquoi le lait est-il souvent mal toléré ? A cela, il y a deux raisons majoritairement avancées : la présence de lactose et de caséine.

  • Le lactose est un sucre présent dans le lait animal. Pour être totalement digéré, il faut que le corps humain produise une enzyme (lactase). Or, cette enzyme n’est produite que dans la très petite enfance pour permettre au nourrisson de digérer le lait maternel. Si certaines personnes continuent à produire cette enzyme plus longtemps, ce n’est pour autant pas la norme. Pour les personnes ne fabriquant plus cette enzyme, la consommation de produits laitiers, surtout en grosse quantité, peut occasionner des perturbations intestinales plus ou moins importantes et des réactions inflammatoires (intestinales, cutanées, articulaires, …). Ces réactions ne sont pas forcément immédiates et ont un effet cumulatif.
  • La caséine est une protéine laitière potentiellement allergène. Elle peut déclencher des réactions immédiates comme de l’urticaire, des démangeaisons, des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des crampes abdominales, un larmoiement, un écoulement nasal, des problèmes des voies respiratoires supérieures, et même l’anaphylaxie. L’allergie à la caséine peut être inné ou acquise : c’est-à-dire qu’elle peut se déclencher dès la naissance, ou gagner en importance à chaque nouvelle consommation de lait. 

    L’idéal, et cela même si vous n’avez pas d’intolérance particulière, est au moins de limiter à des doses raisonnables la consommation de produits laitiers. En effet, dans une société occidentale comme la nôtre, notre corps est soumis à diverses agressions acidifiantes (pollutions, stress, mauvaise alimentation, manque d’activité, tabagisme actif ou passif, …). Ainsi, quand on en a l’occasion, il est meilleur de limiter ces sources acidifiantes afin de donner un petit répit à notre corps.

Cependant, il existe également des raisons, moins connues, aux réactions d’intolérances aux produits laitiers d’origine animale. 

  • La présence d’insuline bovine dans le lait de vache : à l’origine, elle sert à transport et stocker le sucre sanguin. Seulement 3 acides aminés (sur 51) distinguent l’insuline bovine de l’insuline humaine. En temps normal, un intestin en bonne santé empêchera cette hormone de passer dans notre sang.
    Cependant, nous sommes de plus en plus nombreux, à cause de notre piètre hygiène alimentaire, à souffrir de porosité intestinale. Dans ce cas, l’insuline bovine passe dans notre sang et est reconnue comme antigène par notre organisme. Ce dernier l’attaque donc pour le détruire, car il s’agit d’un corps étranger, mais étant donné que sa structure est quasiment similaire à notre insuline, notre corps va également s’en prendre à notre propre insuline dans ce que l’on appelle une réaction immunitaire croisée.
    Au fil des consommations de produits laitiers, notre système immunitaire peut donc remonter jusqu’au lieu de production : le pancréas. C’est le début de l’apparition d’un diabète de type I. 
  • La présence d’oestrogènes : le lait animal constitue donc une source supplémentaire de perturbation hormonale exocrine.
  • La présence d’albumine : elle peut provoquer une réaction immunitaire croisée participant au développant de la polyarthrite rhumatoïde
  • La présence de xanthine oxydase : elle intervient dans la production des radicaux libres et son activité augmente dans le cas d’une inflammation (maladies infectieuses, maladies auto-immunes, …).
    Cette enzyme est suspectée d’accélérer la production de radiaux libres dans les artères, ce qui les endommage et pourrait participer au développement de maladies cardiovasculaires.
  • La présence de casomorphines : stimule la production de mucus au niveau des organes respiratoires lorsque ces derniers sont inflammés (maladies infectieuse, asthme, allergie).
    Il existe également un lien entre casomorphine et risque d’infarctus du myocarde, athérosclérose et mort subite du nourrisson (je vous renvoie pour plus de détails à l’article Polymorphisme of bovine beta-casein and its potential effect on Human health par KAMINSKI, CIESLINSKA et KOSTYRA).
  • La présence de phthalates et de bisphénol A : ces premiers sont présents à une concentration d’environ 12 000ppm dans le lait de vache (alors que dans l’eau du robinet, la limite fixée est de 6 ppm).
    Ces derniers sont également massivement présents dans les produits laitiers (presque 100 fois plus que les recommandations limite de santé).
    Les conséquences de cette expositions sont nombreuses (augmentation de la perméabilité intestinale, risque de cancer, de diabète, d’endométriose et de surpoids).
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Alternatives, « pour », et « contre »

Il existe des alternatives végétales diverses et variées (nb : je suis dans l’obligation de les appeler « boissons végétales » et non plus « laits végétaux », car les lobbies des industries animales estiment que cette appellation ferait une concurrence déloyale aux produits d’origine animale) : 

 

Acides gras saturés

Goût 

Minéraux/vitamines

Bienfaits

Inconvénients

Index Glycémique

Boisson aux amandes

X

Doux 

Calcium, phosphore, zinc, fer, potassium, vitamines A, B2, D, E, protéines (+), oméga 6, fibres

Contient une enzyme digestive (émulsine)

Antiseptique du système digestif

Déconseillée aux personnes ayant de l’hypothyroïdie (freine l’assimilation de l’iode).

30

Boisson à l’avoine 

V

Doux

Protéines (++)

Très digeste, diminue l’absorption des glucides (régule les fringales), diminue le taux de mauvais cholestérol, tonifiante cérébrale.

Pauvre en calcium

Contient une forme de gluten

30

Boisson aux noisettes 

Pauvre

Très apprécié

Fer, magnésium, acides gras monoinsaturés (dont omégas 3 et 6), vitamines A et B, L-Arginine

Très riche en fibres (solubles : 40% ; insolubles 60%)

Pauvre en protéines et en calcium.

30

Boisson à l’épeautre

Pauvre

Sucré

Calcium, fer, magnésium, vitamines E, D, B

Facile à digérer, riche en antioxydants, aide à réduire le taux de mauvais cholestérol

Contient du gluten.

?

Boisson au riz

Pauvre

Doux 

Assez pauvre

Contient de la silice, est sans gluten, très digeste

Indice PRAL : -1,69

Pauvre en protéines et en calcium, index glycémique haut

85

Boisson au chanvre

?

Particulier 

Riche en oméga, calcium, fer, magnésium, zinc, vitamines A, fibres

Propriétés anti-inflammatoires

Pauvre en protéines, contient des glucides

?

Boisson à la coco 

V

Rafraîchissant

Fer, potassium, manganèse, cuivre, zinc

Riche en acide laurique qui aide à faire baisser le mauvais cholestérol, stimule l’immunité, a des propriétés relaxantes.

Indice PRAL : -1,51

Trois fois plus calorique que le lait de vache

40

Boisson aux châtaignes

?

Crémeux

Magnésium, potassium

Très digeste, apaise les acidités gastriques, sans gluten

Ne convient pas aux régimes anti-inflammatoires

Élevé

Boisson au soja 

V

Doux

Calcium

Riche en protéines et en acides-aminés essentiels

Contient des phyto-oestrogènes (perturbateurs endocriniens), souvent des pesticides et des OGM.

Indice PRAL de 0,48 

30

Ce tableau est non-exhaustif et susceptible d’être complété/rectifié à l’avenir.

Alors, que boire ? 

    Le lait animal n’est pas pour autant à diaboliser. Cependant, notre mode de vie occidental nous apporte énormément de facteurs acidifiants : stress, pollution, suralimentation industrielle et surtransformée, sur-médicamentation, tabac, alcool, et j’en passe. Si, chez une personne pouvant bien digérer le lait et étant complètement coupée de tout facteur acidifiant, les laits animaux pris sans excès ne seront probablement pas un problème, chez tout occidental n’étant pas coupé du monde il reste un problème majeur : il fait flamber les phénomènes inflammatoires, encrasse les émonctoires, et acidifie l’organisme. Il sera donc à éviter dans la mesure du possible. Pour rappel, ceci est valable pour tous les produits laitiers : lait, yaourt, fromage, crème, etc. 

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Alors, quelle boisson végétale devriez-vous intégrer dans votre alimentation ? Cela dépendra de vous, de vos besoins et bien sûr de vos préférences gustatives. 

J’appuierai cependant le fait que la boisson au soja est peu conseillée, sauf cas particuliers. En effet, malgré ses nombreux bienfaits, elle contient des phyto-œstrogènes qui sont des perturbateurs endocriniens. Encore une fois, chez une personne n’ayant aucun autre facteur de perturbation hormonale et pris occasionnellement en petites quantités, le soja n’est pas un problème, mais chez une personne ayant un mode de vie normal, cela s’ajoutera à la liste des perturbateurs endocriniens faisant dangereusement vaciller son équilibre hormonal. Un des seuls cas où il est recommandé, c’est lors de la pré et postménopause, afin d’éviter une carence trop prononcée en œstrogènes. 

Avec ou sans acides gras saturés ? Si vous avez des problèmes cardiovasculaires ou de mauvais cholestérol, mieux vaut les limiter.
S’ils sont présents en excès dans notre alimentation par rapport aux acides gras insaturés, ils restent nécessaire à notre santé : l’important étant de conserver une bonne balance entre saturés et insaturés.

Par ailleurs, si vous avez besoin d’un support pour vous aider à améliorer votre alimentation, j’ai créé à la demande de beaucoup d’entres vous un petit tableau récapitulatif à imprimer, et à afficher sur le réfrigérateur ! Il contient toutes les bases d’une alimentation saine et un tableau qui indique les aliments à éviter et ce par quoi il est possible de les remplacer. Cliquez ici pour le recevoir.

 

Index glycémique et charge glycémique

  • L’index glycémique, c’est une manière de classer les aliments contenants des glucides selon leur capacité à faire varier la glycémie d’une personne, deux heures après son ingestion.
    Il permet donc de comparer le pouvoir glycémiant des aliments. On les classe en 3 groupes : IG bas (inférieur à 50), moyen (entre 55 et 70) et élevé (supérieur à 70).
    Cette répartition n’est pas fixe et peut légèrement varier, mais elle donne cependant un bon aperçu. 
    Plus l’IG est élevé, plus il fera grimper la glycémie de la personne, qui devra produire beaucoup plus d’insuline (augmentant donc les risques d’insulino-résistance et de diabète de type II), et plus cela favorisera la flambée des phénomènes inflammatoires dans l’organisme.
  • La charge glycémique correspond à la capacité d’un aliment à élever la glycémie en fonction de la portion consommée : cela permet d’affiner l’analyse d’un aliment, car par exemple, si le miel a un index glycémique très élevé, sa charge glycémique est quant à elle très faible car nous n’en consommons généralement qu’une faible quantité.
    On répartit les aliments en 4 groupes : CG très faible (inférieure à 7), faible (entre 7 et 10), moyenne (entre 10 et 20), élevée (supérieure à 20).
    On la calcule ainsi : CG = (Index Glycémique x quantité de glucides d’une portion d’aliment en grammes) / 100. Prenons l’exemple d’une portion de 30g de corn flakes : (82×25) / 100 = CG de 20,5.

Si tu souhaites savoir ce qu’est l’indice PRAL et pourquoi il est pertinent pour limiter les apports acidifiants, je te renvoie à mon article sur les liens entre indice PRAL et acidose.

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