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Introduction
« Le microbe n’est rien, le terrain est tout », Pasteur
Cette phrase, qu’il aurait prononcée sur son lit de mort en 1895, amène l’idée que le corps possède une force de guérison et de préservation intrinsèque : pourquoi deux personnes, exposées aux mêmes bactéries ou aux mêmes virus ne développent pas de symptômes de manière égalitaire ? Pourquoi certaines personnes traînent un rhume sur des semaines et pourquoi d’autres ont à peine le nez humide une soirée avant que cela ne passe apparemment tout seul ?
Pour résumer cela en une interrogation : dans quelle mesure le terrain d’un individu joue-t-il un rôle prépondérant face aux agressions bactériennes et virales ?
Nous verrons donc successivement comment se construit le terrain d’un individu, quels sont ses liens avec la force vitale de l’individu, et enfin comment ce premier intéragit avec son environnement.
Construction du terrain d’un individu
Le terrain correspond à l’état de notre organisme à un instant T : il ne reste pas inchangé tout au long de notre vie. Plus précisément, il correspond au milieu dans lequel nos cellules vivent et est composé par les liquides organiques dans lesquels elles baignent (liquide intra et extracellulaire, sang, lymphe). Il se construit sur trois éléments : l’inné, l’acquis et l’entretien, aussi respectivement appelés constitution, tempérament et toxémie.
L’inné
Si notre terrain évolue tout au long de notre existence, il résulte à l’origine de facteurs génétiques. L’état du terrain des géniteurs au moment de la conception d’un individu influencera grandement les cartes que son corps aura à sa disposition plus tard. Par ailleurs, durant la vie intra-utérine, l’hygiène vitale de la mère aura une action directe sur le terrain du foetus.
Cet inné est donc le premier élément déterminant le terrain. On l’appelle « constitution ».
L’acquis
Chaque individu a une structure pathologique qui lui est propre. Cette structure, évolutive dans une certaine mesure, détermine les forces et les faiblesses organiques d’un individu. Elle résulte de l’évolution de l’inné sous l’influence du mode de vie, de l’émotionnel, de l’alimentation, etc, de l’individu. En cela, elle constitue le « tempérament » de l’individu, qui est le deuxième élément déterminant le terrain.
L’entretien
En fonction des choix conscients ou inconscients opérés par l’individu, le corps sera soumis à une charge toxique et toxinique variable. Un individu ayant une alimentation équilibrée, une excellente hygiène de vie et habitant dans un environnement peu pollué aura une charge toxique et toxinique peu importante, à l’inverse d’un parisien au bord du burn-out, sautant des repas et avalant sur le pouce un aliment industriel, passant sa journée assis au bureau et se déplaçant en métro.
Cet entretien de l’organisme, aussi appelé « toxémie », constitue le troisième élément constitutif du terrain.
> Notre terrain est donc la résultante à un instant T de notre inné (= notre constitution), de notre acquis (= tempérament) et de notre entretien quotidien (= notre toxémie).
Selon ces trois paramètres, l’individu sera plus ou moins apte à résister facilement aux agressions extérieures sans béquille.
Interdépendance entre terrain et force vitale
La qualité et l’état du terrain est directement lié à celui de la force vitale de l’individu.
Force vitale
Quelle que soit la culture et la conception, différents termes existent pour la définir. En médecine traditionnelle chinoise, on parle de Qi, de Prâna en médecine ayurvédique, et donc de force vitale en naturopathie. Elle correspond à l’énergie intelligente qui régit le corps et lui confère ses possibilités d’autoguérison.
Lorsqu’elle est forte, l’individu se réveille avec de l’énergie, a une excellente digestion et un bon sommeil, peu de sautes d’humeur et ne souffre pas d’infections diverses.
En effet, la force vitale permet au corps de se défendre, de cicatriser, d’éliminer, de faire circuler, … Elle permet tous les mécanismes du corps. Si elle est faible, ces mécanismes sont défectueux, les toxines et toxiques d’accumulent et le terrain s’encrasse.
Lorsqu’à l’origine le terrain est mauvais, la force vitale est bloquée et ne peut pas correctement exercer son travail. Lorsque le terrain est bon, la force vitale peut s’exercer librement.
Ces deux aspects fonctionnent d’une manière interdépendantes, et s’influencent immédiatement l’un et l’autre.
Mécanismes de défenses
1. Réactions avec une forte force vitale
Prenons l’exemple d’une personne avec une vitalité forte et un terrain très bon. S’il est confronté au virus de la grippe, il est possible qu’il ne soit même pas infecté, que le virus soit éliminé avant d’en ressentir les effets, ou alors qu’il ait une forte réaction immunitaire sur un court moment (son système immunitaire est comparable ici à la Wehrmacht opérant la stratégie de la Blitzkrieg : une attaque brutale avec l’artillerie lourde, localisée, et courte dans le temps).
Son organisme est en capacité d’opérer une guerre brutale et efficace car sa force vitale est au meilleur de sa forme et son terrain est peu encrassé.
2. Réactions avec une force vitale épuisée
Sur une personne avec une vitalité faible, cependant… Le virus fera beaucoup plus de dégâts. La personne, épuisée, n’aura pas la force de combattre efficacement le virus et ce dernier sera à même de s’installer sur du plus long terme. L’organisme n’aura pas les ressources nécessaires pour l’éliminer et plus le temps passera, plus le terrain se dégradera.
Un bon terrain se dégrade rapidement sans force vitale, et la force vitale s’épuise vite face à un terrain encrassé.
Le corps face au monde extérieur
Conception d’unicité morbide
1. Allopathie et naturopathie
En allopathie, la maladie est considérée par le prisme de la pluralité morbide. C’est-à-dire que chaque maladie est considérée par le prisme de ses symptômes, et donc la cause directe est différente pour chaque.
En naturopathie, la maladie est considérée sous le prisme de l’unicité morbide. On peut citer l’aphorisme « la maladie est générale et unique, c’est l’encrassement du terrain ». Ainsi, la naturopathie considère que toutes les maladies résultent à l’origine d’un encrassement du terrain qui a empêché le corps de fonctionner correctement.
2. La maladie est une manifestation en surface du mal profond
Dans cette mesure, la maladie et ses symptômes apparaissent comme une manifestation du mal interne, ce mal étant le ralentissement ou l’arrêt d’échanges métaboliques à cause d’une surcharge toxique et toxinique et/ou de carences (physiques, mentales ou émotionnelles).
Exemple : un.e adolescent.e présente une poussée d’acné.
Si c’est une fille, généralement le médecin lui prescrira une pilule contraceptive afin de stabiliser son système hormonal. Si c’est un garçon, le médecin lui prescrira de l’isotrétinoïne ou une solution externe type Cutacnyl.
Ces solutions se concentrent sur la cause immédiate et les symptômes : la pilule contraceptive provoquera mise au repos forcé des ovaires, ce qui sera ressenti par le corps comme une sorte de ménopause (et cela quelle que soit la contraception hormonale, même en micro-dosé). Les hormones naturelles ainsi bloquées, cela pourra entraîner beaucoup d’effet secondaires (voire des maladies iatrogènes), y compris une baisse de la sécrétion du sébum (et donc moins d’acné).
L’isotrétinoïne a pour effet d’atrophier les glandes sébacées, limitant ainsi la production de sébum. Les solutions externes vont désinfecter, aseptiser et provoquer une desquamation de la peau.
Ces solutions allopathiques sont donc extrêmement invasives, susceptibles de provoquer beaucoup de maladies iatrogènes et, à minima, de déséquilibrer le terrain.
Si l’on considère la situation sous le prisme naturopathique, on va se poser plusieurs questions, dont celles-ci : comment est l’hygiène de vie, comment est l’alimentation, comment est l’hygiène corporelle et sportive, comment fonctionnent le foie et les autres émonctoires, quel est le terrain inné, comment se porte la sphère émotionnelle, quel est l’état hormonal, etc… Une fois cela considéré, entre autres choses, les premières intentions seront d’optimiser l’hygiène de vie avant toute chose, puis de proposer des solutions complémentaires. En effet, si la cause première n’est pas réglée, le problème se manifestera toujours, d’une façon ou d’un autre.
On peut souligner ici le challenge que représente une alliance thérapeutique : pour proposer un soutien, et des solutions adaptées au consultant, le mieux sera une prise en charge multi-thérapeutique regroupant plusieurs professionnels (médecin généraliste, spécialiste, naturopathe, psychothérapeute, ostéopathe, microkinésithérapeuthe, etc…) qui travaillent ensemble et de manière coordonnée.
De l’importance de l’hygiène vitale
L’hygiène vitale est la base la plus importante en naturopathie. Prendre des compléments alimentaires ne la remplacera jamais.
Je vous donne donc ici quelque pistes pour l’améliorer, même s’il y en a en réalité bien plus à considérer.
1. Hygiène alimentaire
On devient ce que l’on ingère. En appliquant ce principe, on se tournera donc naturellement vers une alimentation saine, brute (non transformée industriellement), vivante, et biologique. En limitant l’apport en toxiques (pesticides, additifs alimentaires, sucres industriels, etc…), les organes fonctionneront plus facilement et feront mieux leur travail d’élimination.
Si vous avez des difficultés pour trouver des alternatives à votre alimentation, vous pouvez télécharger ce tableau de transition alimentaire à imprimer.
2. Hygiène physique
Indispensable à la bonne santé, l’entretien du corps est primordial. Le corps a besoin de mouvement pour faire circuler le sang et la lymphe, afin de permettre à ces derniers de transporter les nutriments et d’éliminer les déchets. Le mouvement par l’activité sportive est indispensable. La transpiration occasionnée sera l’occasion d’éliminer davantage de déchets.
Une bonne récupération sera nécessaire pour permettre au corps d’effectuer les processus métaboliques importants durant la nuit. Le sommeil sera donc considéré avec un soin tout particulier.
Par ailleurs, l’exposition quotidienne et raisonnée au soleil sans protection uv et au grand air permettra de normaliser les fonctions du corps.
3. Hygiène émotionnelle
L’encrassement peut autant être physique (toxines et toxiques) qu’émotionnel. Les traumatismes non résolus, la tristesse, la colère, les situations anxiogènes, les abus, la dévalorisation, … Toutes les émotions négatives non évacuées se gravent dans le corps (c’est la définition même de la psycho-somatique, l’influence de la psyché sur le corps) et en influencent le fonctionnement.
En conclusion, le principe premier d’une bonne hygiène de vie tient en une seule phrase : aie des apports positifs et évite les excès encrasseurs.
En effet, il est possible d’atteindre un équilibre idéal, permettant ainsi un fonctionnement optimal de l’organisme, garantissant alors la bonne santé. Cet équilibre s’atteint grâce à ces deux axes d’action : éviter les excès (encrassement toxinique et toxique), éviter les manques (carences en micro-nutriments, déséquilibres nutritionnels, les déséquilibres émotionnels, les « énergies négatives »)
Les reconstituants
Lorsque le corps et l’esprit ont été mis à rude épreuve et que le terrain s’est dégradé, que la force vitale s’est épuisée, il est possible de recourir à des aides externes pour reconstituer ce capital santé en parallèle d’une bonne hygiène de vie.
Ils sont également très utiles en cures d’entretien.
1. Gemmothérapie
La gemmothérapie est une branche de la phytothérapie qui utilise le principe de totalité des bourgeons de plantes et leur absence de toxicité.
Plusieurs macérâts de gemmothérapie présentent cette faculté de redressement du terrain et de reconstitution de la force vitale. Ayant chacun des caractéristiques différentes, il sera aisé d’individualiser les conseils selon les caractéristiques de l’individus (terrain oxydé, terrain cancérinique, terrain acidifié, …). On pensera notamment à la vigne, à l’aulne de montagne, à l’aulne glutineux, au bouleau, au cassis, au chêne, à l’églantier, au hêtre, poirier, pommier, romarin, tilleul, viorne lantane, … Chacun aura une action propre, et ils ne sont pas substituables : si le romarin sera efficace sur un l’individu a, un individu b aura bien plus de résultats avec le cassis. C’est donc là que le naturopathe interviendra et orientera l’individu grâce à son expertise en la matière.
2. Hydrothérapie
L’utilisation d’eau chaude ou froide selon les cas sera très intéressante. Les personnes très dévitalisées éviteront le froid trop longtemps, préférant une douche chaude finissant sur un jet tiède. L’intérêt de l’eau froide est notamment sa stimulation importante du nerf vague (optionnel : orienter l’eau sur les côtés du cou, la gorge, le plexus solaire, la ligne centrale du ventre jusqu’au bas-ventre) et des glandes surrénales (optionnel : orienter l’eau à leur niveau, c’est-à-dire dans le dos, juste au dessus des reins, de chaque côté de la colonne vertébrale, juste en dessous des côtes fixes), ce qui recentre, apaise et redynamise. Par ailleurs, en rejetant les toxines vers le centre du corps, elles seront mieux éliminées et cela aura donc un effet détoxifiant.
3. Photomodulation (lumière rouge)
L’utilisation de la lumière rouge est très intéressante : en isolant une partie du spectre lumineux, on peut ainsi projeter sur la peau une partie du spectre rouge et infrarouge proche. L’intérêt se trouve dans leur capacité de pénétration dans l’épiderme jusqu’au derme : pour simplifier, les longueurs d’ondes rouges et infrarouges vont dynamiser la production d’ATP (d’énergie) des cellules. Ses bienfaits sont nombreux et variés, allant des effets sur les problèmes de peau au soulagement des processus inflammatoires, en passant par le soulagement des douleurs.
Cette thérapie par la lumière sera intéressante pour les personnes ayant une vitalité en cours de reconstitution. Elle est à éviter sur les personnes trop dévitalisées car le corps n’aura pas les ressources nécessaires pour fournir l’énergie demandée aux cellules exposées.
Les béquilles
Il sera possible d’utiliser sur du très court terme des aides qui apporteront un soutien artificiel au corps. Ce soutien n’a pas vocation à être permanent, mais il donnera un petit coup de pouce dans la bonne direction pour soutenir le corps dans ses efforts, en parallèle d’une amélioration de l’hygiène de vie.
1. Huiles essentielles
Extrêmement puissantes, elles sont à utiliser avec prudence et selon les recommandations propres à chacune d’entres elles. Certaines huiles essentielles ont la faculté de stimuler les glandes surrénales pour apporter un effet « coup de fouet » (comme l’huile essentielle d’épinette noire), appliquées en massage dans le dos juste au dessus des reins, le matin, diluées dans une huile végétale. D’autres auront une action harmonisante sur le corps, comme celles contenant des molécules de la famille chimique des esters.
2. Plantes sous différentes galéniques
Les plantes sous différentes formes peuvent apporter un précieux soutien sur des cures temporaires de soutien : on pensera notamment à l’extrait fluide d’éleuthérocoque ou à l’extrait sec dosé en principe actif de rhodiola.
> il est possible de soutenir le terrain grâce à différents protocoles naturopathiques. Ces propositions ne sont que quelques exemples sur les milliers de possibilités différentes. Chaque individu étant différent, chaque solution le sera également. Si vous vous sentez fatigué ou que vous sentez votre état moins bon qu’auparavant, je vous encourage vivement à consulter en naturopathie. Si vous souhaitez que je vous accompagne en naturopathie, je vous invite à cliquer sur l’onglet « prise de rendez-vous ».
Conclusion
Si le terrain joue effectivement un rôle déterminant dans la défense du corps face aux infections, il reste entièrement dépendant de la force vitale, et vice versa.
Il serait incomplet et peu pertinent de se concentrer uniquement sur l’un plutôt que de considérer l’ensemble. L’un ne fonctionnant pas sans l’autre, on prendra garde à rester dans la conception holistique de la naturopathie et à considérer l’individu comme un tout plutôt que comme un assemblage séparable.