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« L’allergie est un dérèglement du système immunitaire qui correspond à une perte de la tolérance vis-à-vis de substances a priori inoffensives : les allergènes. » INSERM
Les allergies se développent suite au croisement de deux facteurs : une prédisposition génétique et une exposition à la substance allergène. Une allergie peut prendre trois formes : cutanée (urticaire, dermatite), respiratoires (rhinite, asthme) ou généralisée (anaphylaxie).
Aujourd’hui, on estime que 25 à 30% de la population est concernée par une maladie allergique.
Dans cet article, nous nous demanderons dans quelle mesure la naturopathie peut soulager, voire évincer, des manifestations allergiques.
Dans cette perspective, nous nous pencherons dans un premier temps sur les manifestations physiologiques des allergies et leurs origines, ensuite nous verrons en quoi la naturopathie peut faire partie des solutions à envisager, et enfin nous ouvrirons la réflexion sur les autres pistes à envisager.
Physiologie des réactions allergiques
facteurs génétiques
Les facteurs génétiques correspondent aux mutations de certains gènes qui provoquent une réaction anormale de l’organisme. Généralement, ces mutations sont héréditaires et sont fondées sur des changements dans la séquence ADN.
Les gènes impliqués dans la physiopathologie des maladies allergiques peuvent être divisés en 4 groupes :
- le premier groupe est composé de gènes qui régulent la composante inflammatoire dans l’allergie
- le deuxième groupe concerne les gènes impliqués dans l’immunité innée
- le troisième groupe de gènes comprend les gènes impliqués dans les réponses inflammatoires tissulaires chroniques
- le quatrième groupe correspond à des gènes impliqués dans la fonction barrière des épithéliums (tissus spécialisés qui tapissent les surfaces et cavités de l’organisme)
Les allergies peuvent donc se développer avec un large panel d’origines et de symptômes. Nonobstant, on retrouve généralement une composante inflammatoire majeure et une atteinte épithéliale.
Cependant, ces mutations génétiques ne permettent pas d’expliquer à elles seules la phénoménale augmentation des maladies allergiques au cours de ces 20 dernières années.
Facteurs épigénétiques
Les facteurs épigénétiques correspondent aux processus moléculaires capables de moduler l’expression des gènes, mais qui ne sont pas fondés sur des changements dans la séquence ADN. Les processus moléculaires en question sont régis notre environnement. Ainsi, l’épigénétique prend de plus en plus de place dans l’explication de l’origine des phénomènes allergiques, notamment dans le cas des allergies alimentaires.
En effet, l’être humain étant profondément dépendant de son environnement, il n’est guère surprenant que ce dernier puisse favoriser et ou défavoriser le développement d’allergies chez des individus prédisposés génétiquement.
Intestins et immunité
L’intestin est le siège de notre système immunitaire. Ce dernier a un rôle de protection et de sauvegarde de l’intégrité de l’organisme. Lorsque ce dernier est menacé, le système immunitaire a différents modes de défense :
- L’immunité innée, qui se situe dans la paroi intestinale au niveau épithélial et au niveau de la lamina propria et comporte des acteurs comme les cellules phagocytaires
- L’immunité adaptative, qui se situe plus profondément dans la paroi intestinale, au niveau du Gut-Associated Lymphoid Tissue (GALT) et comporte des lymphocytes B (plasmocytes) et T.
Les lymphocytes T peuvent, selon le contexte inflammatoire et la réponse de l’immunité innée, prendre plusieurs formes :
- Lymphocytes T régulateurs (voie Treg) : en cas de tolérance et de réponse immunitaire contrôlée et régulée (immunomodulation)
- Lymphocytes T cytotoxiques et T auxiliaires : en cas d’inflammation active
Les lymphocytes T auxiliaires stimulent les lymphocytes B et et activent la réponse immunitaire via différentes voies lymphocytaires : les voies Th1, Th2, et Th17.
Ici, c’est la voie Th2 qui nous intéresse car elle est centrée sur la lutte contre les allergies. Son rôle principal s’exerce au niveau de la différenciation des lymphocytes B.
Ainsi, un déséquilibre immunitaire en faveur des voies pro-inflammatoires (Th1, Th2, Th17) au détriment de la voie régulatrice (voie Treg) constituera un facteur de risque important dans le développement de maladies auto-immunes ( Th1/Th17) ou d’allergies (Th2).
Ainsi, limiter les réactions allergiques passe dans un premier temps par le soin porté à son système immunitaire. Pour cela, il faudra s’assurer d’avoir une bonne santé intestinale et une surtout une barrière intestinale efficace.
Les solutions apportées par la naturopathie
Si la naturopathie se penche généralement sur les changements internes à effectuer (alimentation, activité physique, phytothérapie, …), il ne faut pas oublier les changements externes : l’environnement. On aura beau apporter tout l’engrais nécessaire à une plante, si son environnement ne lui permet pas de s’épanouir, elle ne grandira jamais correctement. La première question à se poser concerne donc l’environnement :
- Dans quel cadre ai-je grandi ? Campagne, ville ? Ai-je vécu beaucoup de traumatismes non-résolus ?
- Dans quel cadre vis-je actuellement ? Est-ce que cela me convient ? Est-ce très pollué ? Ai-je tendance à garder pour moi mes émotions négatives ? Prends-je le temps de m’occuper de ma santé mentale ? Suis-je à l’aise avec mes émotions ?
- Etc …
Quand une allergie se déclare, sauf cas particulier, c’est révélateur d’un contexte inflammatoire déjà bien installé. Le fait qu’une inflammation soit présente montre qu’il y a un emballement du système immunitaire qui réagi de manière non-appropriée. Les causes peuvent être très diverses, mais les points sur lesquels se concentrer sont :
- Vision long terme : soigner l’environnement (l’interne – les émotions – et l’externe – le cadre de vie, l’entourage, …-)
- Vision moyen terme : soigner la santé intestinale (avec un protocole naturopathique spécifiquement établi dans cette perspective)
- Vision court terme : soulager l’inflammation
Ici, nous nous concentrerons essentiellement sur cette vision court terme, car les visions moyens et longs termes doivent spécifiquement être abordées en consultation avec un.e naturopathe. Si vous souhaitez que je vous accompagne dans ce protocole, vous pouvez prendre rendez-vous via l’onglet dédié dans la barre de menu.
La nutrition
La nutrition est un formidable outil de régulation de l’inflammation.
Nous pouvons nous orienter sur 4 pistes différentes, afin d’agir à différents niveaux.
- Activer la voie régulatrice du système immunitaire (la voie Treg) grâce à des actifs reconnus : la curcumine (que l’on trouve dans le curcuma ou isolée dans des compléments alimentaires) ; la vitamine b9 (joue un rôle primordial dans le renouvellement des cellules de l’organisme et participe au maintien de l’intégrité des muqueuses), les omega 3 dont le rôle régulateur d’inflammation n’est plus à prouver, et enfin la souche de probiotiques lactobacillus plantarum GG.
- Restaurer la barrière intestinale pour éviter l’emballement du système immunitaire : glutamine, collagène, citrulline, vitamine A, D, zinc, antioxydants, les souches de probiotiques lactobacillus plantarum et lactobacillus rhamnosus GG ainsi que la souche bifidobacterium longum (qui favorise la production de mucus protecteur de la barrière intestinale).
- Mettre en place une alimentation anti-inflammatoire : beaucoup de fruits et légumes crus, favoriser les aliments donc l’index et la charge glycémiques sont bas, éviter au maximum tous les aliments très transformés, éviter les graisses trans et l’excès de graisses saturées, limiter au maximum le sucre industriel (gâteau, sucre blanc ou roux, soda, bonbons, pain de supermarché, …)
- Limiter les aliments riches en histamine :
L’histamine est une molécule de signalisation du système immunitaire naturellement produite par l’homme. Dans le cas de personnes présentant des maladies allergiques, le fait de consommer des aliments riches en histamine peut parfois participer à aggraver le problème. Il peut donc être intéressant de limiter la consommation des aliments en question lors des crises allergiques. Ces aliments sont les suivant :
Aubergines, tomates, avocats, épinards, olives, concombres, légumes fermentés (choucroute), champignons, fraises, framboises, oranges, citrons, banane mûre, ananas, kiwi, poire, papaye, goyave, charcuteries (jambon, saucisson, bacon, jambon cru, viandes fumées, en conserve, salée, séchée, etc), abats, saucisses, poissons et fruits de mer en conserve, marinés, séchés, salés, fumés, thon maquereaux, mahi-mahi, anchois, sardines, harengs, mollusques et crustacés (crabe, crevettes, moules), légumineuses (lentilles, pois-chiche, soja, tofu, etc), fromage à pâte dure, à pâte molle, à pâte fondu (vache qui rit, kiri, etc), moisi, arachides, noix de cajou, noix, chocolat, cacao, pâte de cacao, vinaigre de cidre, ketchup, alcools (vins, bière, alcools forts, cidre, etc), jus et limonade, sauce soja, épices piquantes, exhausteur de goût (glutamate de sodium), boissons énergisantes
La phytothérapie
Certaines plantes pourront soulager les crises allergiques.
- Synergie d’extraits fluides de plantes fraîches : thym, feuille de cassis, desmodium (composez votre quantis)
- Gemmothérapie : bourgeons de charme (lors des crises aigües), bourgeons de noisetier (en cure de fond)
- Du côté des hydrolats : basilic à linalol (en interne), camomille allemande (en interne et en compresse pour soulager les rougeurs et démangeaisons des yeux)
Anecdote
Aux Etats-Unis, Jake Van Clief, un homme allergique aux chats a tenté une expérience : il est parti du postulat que les poules pouvaient également être sensibles aux substances allergisantes que les chats produisaient, et a décidé d’élever des poules pondeuses au contact de trois chats. Il mélangeait un peu de jaune des oeufs dans la pâté des chats. Au bout d’environ 6 mois de consommation quotidienne des chats de cette pâtée mêlée de jaune d’oeuf, il a noté une remarquable diminution de ses symptômes, et maintenant il ne souffre plus d’aucune manifestation allergique au contact de ses trois chats. Son hypothèse est que les poules ont développé au contact des chats des substances capables de neutraliser leur potentiel allergisant et que ces substances se retrouvaient également dans leurs oeufs.
Si l’on se penche sur les études existantes, on constate que l’allergène majeur responsables des réactions allergique aux chats est l’allergène Fel D1. On le retrouve dans leur salive. La protéine slgY (anti-Fel d1-specific polyclonal egg IgY antibody) présente dans l’oeuf serait capable de neutraliser cet antigène. Cependant, l’étude concernée a été réalisée à la demande d’une marque de croquette commercialisant les croquette anti-allergiques en question, elle est donc très loin d’être neutre. L’étude ne mentionne en effet pas si cette protéine serait présente dans tous les oeufs de poule, quelle que soit leur origine, la nourriture des poules, leur qualité de vie, leur environnement, …
La question reste donc ouverte !
Sources
- Les prédispositions génétiques dans l’allergie alimentaire (Genetic influence on the development of food allergies), L. Garnier , J. Bienvenu , C. Lombard , F. Bienvenu , S. Viel
- La grande Encyclopédie de l’herboristerie, Michel Pierre
- Satyaraj, E., Gardner, C., Filipi, I., Cramer, K., & Sherrill, S. (2019). Reduction of active Fel d1 from cats using an antiFel d1 egg IgY antibody. Immunity, inflammation and disease, 7(2), 68–73. doi:10.1002/iid3.244
- Satyaraj, E., Li, Q., Sun, P. & Sherrill, S. (2019). Anti-Fel d 1 immunoglobulin Y antibody-containing egg ingredient lowers allergen levels in cat saliva. Journal of Feline Medicine and Surgery, 21(10), 875-881. doi: 10.1177/1098612X19861218