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ToggleDe l’intérêt de la naturopathie dans la prise en charge des MICI* : un entretien avec le Dr Ecuer
* Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin
Introduction
Depuis plusieurs années, l’intérêt du grand public pour les méthodes de soin alternatives grandit. Grâce à son caractère holistique, la naturopathie semble pouvoir combler certains manques de la médecine allopathique.
En effet, cette médecine d’urgence se concentre sur le soin et la stabilisation de personnes ayant des symptômes déclarés. A contrario, la naturopathie agit à la fois en amont et en aval : en prévention et en accompagnement.
Cependant, loin d’être à opposer, ces deux méthodes sont complémentaires : l’une est spécialiste de la maladie, l’autre est spécialiste de la santé.
Dans cette mesure, la collaboration entre médecins et naturopathes est plus importante que jamais.
C’est dans cette volonté que j’ai choisi, pour l’article de cette semaine, d’interviewer le gastroentérologue avec lequel je suis en collaboration pour ma pratique de naturopathe : le Dr Stéphane Ecuer.
Nous évoquerons tour à tour son parcours, les rencontres qui l’ont mené à la naturopathie, et les défis que représentent l’alliance de cette discipline à sa pratique médicale.
Bonne lecture !
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Échange
Pouvez-vous évoquer en quelques mots votre parcours ?
« Mon père était médecin généraliste. Je crois que j’ai toujours su que je deviendrai médecin. J’ai commencé mon parcours à Lyon, où j’ai fait toutes mes études, ainsi que mon internat.
Ce qui m’a mené plus spécifiquement à la gastroentérologie, c’est l’endoscopie. C’est une technique d’observation absolument fascinante !
Je me suis installé en Moselle dans les années 90. J’ai commencé en cabinet en m’associant avec un vieux gastroentérologue, le Dr François Brodshii, avec lequel j’ai beaucoup appris. On a travaillé ensemble pendant 4 ans.
Il a pris sa retraite en 2000, et il est décédé il y a peu des suites du COVID. »
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Vous souvenez-vous du moment où vous avez commencé à vous intéresser aux pratiques complémentaires ?
« Il y a eu plusieurs étapes. J’ai commencé à utiliser les probiotiques dans les années 90. À cette époque, il n’y en avait pas en pharmacie ! Il fallait les commander chez PiLeJe. Le premier et le plus utilisé, c’était le Lactibiane référence.
Le deuxième tournant, c’est quand le Pr Peyrin Biroulet a organisé en 2016 au CHU Brabois une journée sur les thérapeutiques complémentaires alternatives.
Il y avait différents stands, dont un tenu par Jean-Claude Sonntag [retrouvez ici un article avec ses recommandations pour soutenir le système immunitaire], un pharmacien herboriste de Nancy. C’est lui qui a crée l’entreprise Natuval, qui propose des jus de Curcuma et de Gingembre.
J’ai réellement été séduit par la phyothérapie lors de ma discussion avec Jean-Claude. »
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Appliquez-vous, vous-même, des préceptes naturopathiques dans votre quotidien ?
« Bien sûr ! Pour n’en citer qu’un, je porte une grand importance sur le moment où l’on rompt le jeûne, le matin au réveil. C’est un moment d’une grande importance pour la santé digestive : jeûner / dé-jeûner.
Moi, par exemple, tous les matins au réveil je bois un mélange de jus de Curcuma-gingembre, d’eau chaude et de jus de citron. J’ai fait un mélange entre ce que l’on appelle le déjeuner Ayurvédique (eau chaude et citron) et la potion des braves (jus de Curcuma-gingembre-citron) !
Ça fait plusieurs années que je bois ça, chaque matin sans exception. Et depuis, je n’ai plus de reflux gastro-oesophagien, je digère bien mieux, ça calme mes intestins.
Pour moi, c’est réellement un déjeuner, ça ouvre le tube digestif le matin ! »
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Est-ce que vous vous souvenez du moment où vous avez commencé à intégrer des principes naturopathique avec vos patients ?
« Depuis déjà longtemps, j’utilisais la phytothérapie dans mon quotidien. Mais j’ai commencé à l’intégrer dans ma pratique médicale à partir du jour où j’ai rencontré le Dr Sonntag. »
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Comment l’y intégrez-vous ?
« En réalité, l’essentiel est d’abord de trouver des laboratoires qui proposent des produits de qualité et qui ne soient pas sous-dosés.
Le problème, c’est que c’est la jungle ! On trouve tout et n’importe quoi.
Quand je veux juger du sérieux d’un laboratoire de phytothérapie, je regarde d’abord le desmodium et à quel grammage il est dosé.
C’est une plante avec laquel je travaille beaucoup et que je connais bien maintenant. Eh bien, on peut en avoir des surprises !
Généralement, la dose que je conseille varie entre 2000 et 3000mg par jour. Mais là, pour avoir cette dose, avec certains produits il faudrait prendre 14 gélules par jour ! Et sur le flacon, ils conseillent d’en prendre une ou deux par jour !
Et encore, parfois ils ne précisent même pas la partie de la plante qui est utilisée.
C’est ça qui est délicat avec les patients : même quand on leur recommande un labo, ils vont se tourner vers un autre produit car il sera moins cher, et ils se retrouvent avec un produit qui n’est pas actif et n’a d’effet que placebo.
C’est la raison pour laquelle je ne travaille qu’avec un petit nombre de laboratoires : PhytoQuant, Lescuyer, Lehning en particulier. Pour ce qui est de mon jus de Curcuma-gingembre, il vient donc de chez Natuval, qui est bio et issu du commerce équitable. »
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Dans quelle mesure pensez-vous que la naturopathie peut aider dans la prise en charge des pathologies inflammatoires digestives ?
« Les maladies inflammatoires sont assez compliquées à gérer. Le symptomatique se gère relativement bien, de même que l’aspect neuro-psychologique.
On peut utiliser notamment le curcuma, la mélisse, la passiflore… Par contre, je suis plus prudent avec les probiotiques. Autant dans certains cas, c’est très bien, autant dans d’autre ça peut provoquer une rechute vraiment brutale.
Ceux que je préfère, c’est le Quantaflore et le Quantaphylle de chez PhytoQuant. Il s’agit d’une association de probiotiques, extrait d’ortie et chlorophylle magnésienne, cette dernière étant très efficace pour drainer les toxines intestinales. »
Est-ce qu’il y a des cas clients qui vous en particulièrement marqué ?
« Il y en a eu tellement… Déjà, tout ceux qui ont pu maintenir durablement leur rémission après l’arrêt de leur traitement.
Et peut-être tout particulièrement cette patiente atteinte de rectocolite hémorragique. Cela remonte à loin maintenant, mais elle a développé une pochite.
C’est une complication classique d’une coloproctectomie [chirurgie de la zone rectale], opération devenue plutôt rare. La pochite correspond à un processus inflammatoire qui se développe au sein du réservoir iléal.
En suspectant un sérieux déséquilibre microbiotique, un peu à l’instinct, je lui ai donné des cures de lactibiane tolérance à faire. Ça lui a réglé immédiatement son problème. Depuis, elle en fait des cures régulières et le problème n’est plus revenu. »
Selon vous, quels sont les avantages et les limites des traitements allopathiques traditionnellement utilisés pour stabiliser la maladie de Crohn ?
« Les avantages, c’est que l’arsenal thérapeutique que l’on a permet de stabiliser autant à court terme qu’à long terme. Cela évite nombre de chirurgies invasives.
Mais bon, ce sont des traitements lourds, coûteux, avec des effets indésirables qui conduisent parfois à arrêter les traitements, même si ils ont beaucoup progressé ces quinze dernières années. Ils sont indispensables dans les cas graves.
Cependant, lors de la crise du COVID, j’ai fait arrêter à beaucoup de patients leur biothérapie car les réanimateurs me disaient que ceux qui étaient sous immunosuppresseurs étaient très, très nombreux à décéder des suites de la maladie.
Pour prendre un autre exemple, le Pr Peyrin Biroulet m’avait parlé de l’Imurel en particulier, qui selon lui devait absolument être retiré des protocoles de prise en charge des MICI car il provoquait un nombre considérable de lymphomes et de cancers cutanés.
Personnellement, je n’ai plus aucun patient sous Imurel.
Mais beaucoup de solutions naturopathiques, comme le régime sans gluten, ne sont que trop peu envisagées, et d’ailleurs il n’y a pas d’études sérieuses faites là-dessus, pourtant ça fonctionne !
Cependant, une étude en double aveugle n’est pas faite car cela coûte très, très cher, et personne, à part l’industrie pharmaceutique, ne peut financer une étude de cette ampleur.
Et, en l’occurence, comme il n’y aurait, à l’issue de cette étude, rien à vendre pour rembourser le coût de l’étude, ce n’est pas fait. »
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Vous pensez qu’il est possible de facilement combiner les préceptes naturopathiques et la prise en charge allopathique dans le cadre de pathologies du système digestif ?
« Tout à fait ! On peut y aller largement, que ce soit en phytothérapie, en micro nutrition, … Il y a beaucoup de choses à apporter.
Il n’y a aucun risque à intégrer la naturopathie quand on sait manier les plantes.
En revanche, les avantages sont nombreux : une personne atteinte d’une pathologie digestive, même en rémission complète, va présenter de nombreux symptômes plus ou moins gênants qui sont très bien gérés par les thérapeutiques alternatives.
Personnellement, depuis ces dix dernières années, j’ai vu une explosion massive de la demande d’une prise en charge présentant des approches à la fois médicale et naturopathique.
Cet engouement se renforce et la demande augmente de plus en plus.
Je crois que c’est 70% des patients atteints de MICI qui, entre deux consultations avec leur gastroentérologue, consultent en naturopathie. Et généralement sans en parler à leur gastroentérologue ! »
Conclusion
C’est sur cette note d’humour que se conclut notre échange.
Je m’adresse maintenant tout particulièrement aux personnes atteintes de maladies du système digestif : ne perdez pas espoir.
Si le corps médical ne vous propose pas de solution qui vous convienne, frappez à autant de portes que nécessaire jusqu’à trouver un interlocuteur qui prendra le temps de vous écouter et de vous proposer des solutions qui vous conviendront parfaitement.
Les mentalités commencent tout doucement à bouger, et de nombreux membres du corps médical s’ouvrent aux thérapeutiques alternatives.
J’espère que ce nouveau format de publication vous aura séduit autant que moi. Si c’est le cas, je vous invite à liker, commenter et partager cet article à l’aide des boutons de partage présents sur la page !